Quelques mots, pour une histoire de gratitude

Publié le 13 Décembre 2016

Quelques mots, pour une histoire de gratitude

Hello! Un billet de fin de journée, tardif. Alors vous lirez ces mots ce soir, cette nuit, demain au lever, c'est selon. J'ai participé la semaine dernière à une semaine spéciale organisée par Anne-Solange Tardy, une "semaine de gratitude" au cours de laquelle on recevait un mail chaque jour, un joli message sur la gratitude, ce qu'elle représente, pour nous, de quelle manière on peut la vivre au quotidien, le sens du "Merci", pour chaque micro détail qu'on aurait tendance à ne pas, ne plus, savoir regarder. Chaque jour, on était invité à venir partager par écrit ou en photo des "petits merci" sur un groupe facebook privé, ouvert par Anne-Solange pour l'occasion. J'ai d'abord pensé que j'écrirais de la manière la plus simple, basique, qui soit, quelques lignes seulement, une liste de "Merci", ou un petit paragraphe. En fait, mes quelques lignes se sont rapidement transformées en des textes un peu plus long que je ne pensais.

Voici un de ces textes que j'ai écrit hier après-midi, dimanche, en me levant de mon dodo après une nuit de boulot. Alors que j'avais presque fini, une fausse manip' et paf! le texte a disparu. J'étais verte, j'ai bien failli laisser tomber, fermé la page Facebook et Ciao. Mais, je ne sais pas, j'ai senti comme une petite tape sur l'épaule, non, c'est trop facile de ne pas persévérer dès qu'il y a un couac -un sujet que j'aborderai peut être un de ces jours-, tu recommences, tu recommences. Alors j'ai réécrit, dans Word cette fois, avec le fil rouge en tête, essayant de m'accrocher aux seuls mots et images dont je me souvenais, et puis j'ai lâché, et j'ai reconstruit autre chose, voilà, c'est là :

" Merci pour la beauté glacée.
Ce matin, 8h30 peut être. Le nez collé à la vitre du bus et la tête et le corps qui ne tiennent plus, comme c’est si souvent le cas quand je reviens d’une nuit de travail. Le corps garde ses dernières réserves d’énergie, les paupières, elles, ne répondent plus que pour s’ouvrir en sursaut à chaque arrêt de bus. C’est ici ? Non, ferme les yeux. Dors pour quelques instants encore. Et puis, enfin l’arrêt, mon arrêt qui annonce avec lui la promesse de la chaleur, de la clé dans la serrure, de la douceur des draps, du moelleux de l’oreiller. La promesse de pouvoir me laisser emporter tout entière par le sommeil. Je descends du bus. Le froid mordant me saisit. Agressif, glacial. Je n'aime pas. A travers mon demi-sommeil, j’aperçois la nature environnante sur le chemin. Je vois sans voir. J'avance comme une automate. Je ne veux pas voir, je m’en fous, j’ai si froid, je n’en peux plus. Mon regard se pose de l’autre côté de la route. Et là, je vois. Cet arbre immense aux branches dénudées dont les dernières feuilles se sont détachées. Parties, finies, les couleurs mordorées. Blanc. C’est blanc gelé maintenant. Mais d’un blanc gelé particulier. Cet arbre, on dirait de la dentelle. Chaque branche a l’air de dessiner quelque chose sur le ciel gris et brumeux. On dirait un tableau, on dirait une photo, on dirait une carte postale ancienne de Noël. On dirait un rêve. Qu’est-ce que c’est beau. Alors j’entrouvre un peu plus les yeux. Tout, tout autour de moi est blanc gelé. Je frôle des branches recouvertes de givre. C’était quand la dernière fois que j’ai vu ça ? Chaque millimètre sur les branches, on dirait des sculptures. C’est comme si la nature avait cousu une robe de glace sur les branchages emmêlés. On dirait de l’art. J’avance, l’esprit embrumé, l’image de cet arbre tableau de l’autre côté de la route dans la tête, et l’image de ces détails de glace sur mon chemin, et je pense, demain je pourrais bien supporter la morsure du froid sur mes doigts nus le temps d’appuyer sur le déclencheur, une fois, deux fois, trois fois. C’est si beau. Mais là, tout de suite, je rejoins la chaleur.
Merci pour l’hiver, incompris, craint, redouté, l’hiver qui nous apprend l’exigence. Sa beauté compliquée et pas si accessible, à côté de laquelle on peut filer sans la saisir. L’hiver et cette nature rude qui nous apprend peut être un peu comment marche le monde. S’arrêter, dépasser, observer. Prendre le risque. Le seul risque qu’on prenne en s'arrêtant, c’est de voir. Oh, et merci pour la chaleur ce matin, qui a fait rosir mes jours à peine entrée dans mon cocon ; après les heures debout la nuit et la dentelle de glace au petit matin, mon lit n’a jamais été aussi doux.

Je vous souhaite une belle soirée, et un beau début de semaine, les yeux, et le cœur aussi, grands ouverts... "

Cette dernière phrase faisait partie du texte, elle clôt bien ce billet, c'est ce que je vous souhaite aussi, à vous, ici. Allez, je file. A très vite.

Rédigé par Magali

Publié dans #carnet d'humeurs

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