2 jours en Provence, à l'ombre des platanes

Publié le 27 Juin 2011

Ce dernier week end de juin, alors que le vrai soleil d’été arrivait enfin, nous avons pris la voiture et roulé durant 4 h direction le sud pour une grande réunion familiale. Nous devions tous nous retrouver chez mon cousin pour l'occasion. Le soleil de Provence nous attendait. La Provence, c’est de là qu’une partie de ma famille paternelle est originaire. Parfois j’aime penser que cette région est aussi un peu la mienne même si je n’y ai jamais vécu. Je crois que je n’arriverai pas à résumer ces 2 jours en famille tant j’ai vécu de petites et grandes choses. Et j'en ai fait des choses.

-Raler sur les choix musicaux de mon père, au départ en voiture.

-Après 4 h de route, me retrouver au milieu de 50 personnes et rencontrer des cousins éloignés dont j’ignorais l’existence.

-Taper la bise à des gens sans savoir s’ils sont des membres de ma famille et ne pas oser demander qui ils sont.

-Voir ma vieille tante serrer dans ses bras ma mère, et penser que, quand même, on aurait pu se revoir avant.

-Boire un apéritif au litchi et lutter pour suivre les explications très précises de mon père sur le réglage de l'objectif , de la distance, profondeur de champ, luminosité ...

-Manger le litchi imbibé de vin. Et me sentir moi aussi imbibée tout à coup.

-Ecouter les conneries que raconte de son accent chantant le père de la femme de, je ne sais plus bien.

-Regarder le cochon de lait qui tourne à la broche.

-Et puis manger avec les doigts un morceau du cochon que le cuiseur me donne.

-Recevoir de la cendre dans les cheveux au premier coup de vent.

-M’asseoir à côté d’une vieille dame qui regrette que sa fille de 50 ans n'ait toujours pas perdu ses mauvaises habitudes à table (malgré les réprimandes qu’elle recevait étant enfant).

-Prendre la voiture en plein milieu de l’après midi accompagné d’un vieil oncle que j’avais vu pour la dernière fois 10 ans auparavant. Ressortir d’un magasin les bras chargé de nougats et de calissons. Et puis écouter les explications de mon oncle à propos de la différence entre le lavandin et la lavande.

-Me rendre compte à quel point mon père et son frère se ressemblent. A un point tel que ça en devient émouvant.

-Chercher l’ombre salvatrice des arbres.

-Me retrouver en plein cagnard, un verre à la main et les paupières lourdes, ne pouvant maintenir mon attention que sur le balancement du cyprès, au loin.

-Voir mes parents s’émerveiller devant un pin mexicain très rare planté dans le jardin du voisin de mon cousin.

-Rester assise pendant deux jours. Manger et boire. Boire des litres d'eau.

-Puis me lever pour aller voir les tortues au fond du jardin. Et trouver ça cool, les tortues.

-Et le lendemain. Me rendre sur la tombe de mes grands parents et écouter les explications passionnées de mon père sur cette partie là de ma famille.

-Faire un parcours en ville pour y découvrir les endroits qui ont marqué la jeunesse de mon père. Voir la fenêtre du petit studio où habitait ma mère quand ils se sont rencontrés. Et rencontrer une dame un peu âgée au bas de l'immeuble qui nous dit habiter là depuis l'année où ma mère a quitté ce studio. Alors les écouter, mes parents et la dame se remémorer la rue et tout ce qui s'y trouvait.

-Voir la maison où mon père est né. Et écouter tendrement tous les souvenirs qui rejaillissent. Les jeux d'enfants, la balançoire dans les branches d'arbre, les km à pieds pour aller à l'école. Et la guerre de 1940 vécue par les vieux. La guerre ne m'a jamais été racontée aussi lumineusement que mon père le fit à ce moment là, dans le jardin de sa maison natale, près du perron qu'il a tant de fois gravi en courant dans son enfance.

-Partir. Rouler encore un peu au milieu des champs. Trouver la lavande tellement belle.

-Ecouter la radio sur le chemin du retour et trouver tout parfait, la sélection des chansons, les paysages derrière la vitre, la lumière sublime, le souvenir de ces jours précieux.

-Arriver chez moi la peau marquée par le soleil, seul témoignage de ces jours remplis de chaleur.

Ce n'était pas la première fois que j'allais en Provence mais c'était la première fois que j'écoutais patiemment mon père me raconter ses histoires. 

 

Dans et sur mes bras-Yannick Noah

Rédigé par Mimi

Publié dans #Escapades

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